Le Marabout qui "Purifiait" ses patientes... L’homme, âgé de 59 ans, droguait ses « patientes » avec des anxiolytiques avant d’abuser d’elles. Il a été condamné par les assises de Nanterre.

L’homme, qui se fait appeler Ousmane, était poursuivi pour « viol sur personne vulnérable, administration de substances nuisibles, exercice illégal de la profession de médecin et séjour irrégulier en France ». Devant la cour, il a reconnu au moins un viol au terme d’un interrogatoire serré de la présidente Michèle Luga. Mardi, pressé de questions, l’accusé, qui porte beau avec son crâne rasé et ses fines lunettes, finit par admettre un « dérapage » de ses mains lors d’un « massage » d’une jeune femme venue le consulter en mars 2006. « Est-ce que oui ou non vous reconnaissez avoir abusé d’elle ? », lui demande la présidente. « Oui… avec les doigts », finit par lâcher Ousmane, niant toute autre pénétration sexuelle.

La « boisson des dieux » ? Du Lexomil

Mars 2006, la victime, étudiante en sport, rencontre le marabout sur les conseils de sa famille. Elle souffre de problèmes persistants au genou que la médecine traditionnelle ne parvient pas à guérir. D’emblée, Ousmane évoque un risque de tumeur et même d’amputation. Il fait avaler à la jeune femme « la boisson des dieux », un breuvage chaud au goût amer censé la « purifier ». Plongée dans une profonde léthargie, la patiente se réveille quelques heures plus tard, nue, et doit repousser les avances de son « guérisseur ». Dans la foulée, un médecin constatera le viol, et le sang analysé de la jeune femme révélera l’absorption d’une forte dose d’anxiolytiques, type Lexomil.

Le somnifère, « c’était pour qu’elle se repose », a bredouillé le marabout devant la cour. Pour la victime, le traumatisme est toujours présent trois ans plus tard. « Je dors quatre heures par nuit, je fais tous le temps des cauchemars. Depuis cette histoire, je ne vis pas, je survis », est-elle venue raconter, très émue.

C’est à partir de sa plainte que les enquêteurs de la sûreté départementale des Hauts-de-Seine retrouvent d’autres jeunes femmes, toutes âgées d’une vingtaine à une trentaine d’années, qui dénoncent des faits similaires. Interpellé en septembre 2006 et placé en garde à vue, Ousmane ne reconnaît qu’une partie des viols, justifiant les rapports sexuels avec ses patientes comme un acte de « purification du corps » censé les débarrasser des « impuretés » de leurs précédentes relations. En 1996, le faux guérisseur avait déjà été condamné à trente mois de prison pour « agression sexuelle » sur une « patiente » par le tribunal correctionnel de Montauban (Tarn-et-Garonne). Trois ans plus tôt, une autre procédure pour viol avait été ouverte contre lui, mais elle s’était terminée par un non-lieu.

Voyance dans les coquillages

Né au Niger, Ousmane est arrivé en France dans les années 1970 pour suivre des études de philosophie. Salarié dans l’édition pendant plusieurs années, il se retrouve sans emploi après un licenciement. C’est alors que, célibataire et en situation irrégulière, il se lance dans la médecine parallèle en région parisienne, confiant en ses dons de voyance « à travers les coquillages », une pratique qu’il aurait héritée de sa mère. Devant la cour d’assises de Nanterre, il a tenté de minimiser ses pratiques, les réduisant simplement à des « bains » et des « massages sur tout le corps », le tout dans un « travail d’épanouissement de l’individu ».

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