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Yonelle Delle : la médium qui dialogue avec les défunts

2014

Depuis qu'elle est toute petite, Yonelle Delle voit et communique avec les défunts. Elle a écrit en 2014 un livre "La pierre du souvenir, comment vivre son deuil", éd. Michel Lafon, pour nous aider à aborder la mort autrement, et à mieux vivre son deuil.


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Comment avez-vous pris conscience de votre don ?

"Enfant, j’étais déjà en contact avec l’au-delà. Je recevais des messages de défunts, des conseils pour moi et pour les personnes dont je croisais la route. J’ai toujours vécu avec ça, donc cela me semblait naturel. J’ai eu le malheur d’en parler à une petite copine et cela a fait le tour de l’école. La directrice a convoqué mes parents, les invitant à me faire entrer dans un établissement spécialisé pour enfants fragiles psychologiquement. A partir de ce jour-là, j’ai décidé de taire ma différence. Ce n’est qu’à vingt ans que j’ai recommencé à parler. Les êtres de lumières, comme je les appelle, me sollicitaient de plus en plus. Je débordais d’images, de visions… Par exemple, je dînais avec des amis au restaurant et j’entendais une voix me souffler un message pour la personne qui se trouvait à la table de derrière. Je ne pouvais plus me soustraire à mon rôle."


A quarante ans, vous avez un déclic et décidez d’en faire votre métier ?

"A l’époque, je travaillais dans une agence matrimoniale. Une amie me demande de l’accompagner dans un espace consacré à l’astrologie sur les Champs-Elysées. Dans cet endroit, une cartomancienne intervient aussi. Mais pas de bol, malade ce jour-là, elle avertit le directeur qu’elle ne viendra pas. Un client est sur le point d’arriver. Le patron des lieux, à qui mon amie venait de vanter ma grande intuition, me prie de prendre sa place et de faire semblant d’avoir des visions. Je refuse puis je finis par m’asseoir, prête à avouer la vérité au monsieur dès qu’il sera devant moi. Mais une fois face à lui, j’ai vu sa vie défiler devant mes yeux comme un court-métrage. Pendant une heure, un flot de paroles est sortie de ma bouche… Je n’ai fait que lui confier ce qu’on me glissait à son propos. Le hasard n’existe pas. J’ai quitté mon emploi, travaillé quelque temps dans cet endroit puis j’ai décidé de voler de mes propres ailes comme médium. Depuis, je me promène entre ciel et terre, à l’écoute de ces voix célestes pour aider de mon mieux ceux qui me consultent en privé ou que je rencontre lors de conférences."


Comment décririez vous la force d’un médium ?

"C’est la capacité d’entendre des messages de l’au-delà. Cela ne s’apprend pas, c’est un don avec lequelle on naît. Il se déclare plus ou moins, en fonction de notre degré d’acceptation. Certaines personnes font des rêves prémonitoires, entendent des voix, d’autres vivent les choses de l’intérieur. En ce qui me concerne, j’entends comme un murmure, qui me donne à ressentir des émotions, des bonheurs. Quand je reçois quelqu’un en consultation, je perçois son intériorité. Des scènes, les chocs émotionnels auxquels elle a été confrontée. Et par le dialogue, je l’aide à évacuer en la mettant sur des pistes et en lui délivrant des messages. D’où mon rôle de médium."


Cette « double vie » est-elle facile à vivre au quotidien ?

"Je n’en tire que du positif. Notre société va mal. Je vois beaucoup de gens déprimés, angoissés par leur avenir. En haut, ils sont beaucoup plus gais, la vie est légère. C’est bien plus agréable d’être dans l’entre-deux, comme moi. Avoir accès à ces informations me donne l’énergie et l’envie d’aider les autres à avancer, à s’éveiller pour avoir une chance d’aller mieux."


Comment reconnaître un bon médium ?

"C’est très difficile de répondre à cette question. Un bon médium capte les choses sans qu’on ait besoin de lui parler. Si on décide de consulter, il faut donc rester silencieux, en dire le moins possible sur la personne avec qui on souhaite entrer en contact ou sur nous-même. Il n’a normalement pas besoin d’informations, ni de photos. Il faut aussi s’écouter, faire confiance à son intuition à ce que l’on ressent lors du premier contact."



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Selon vous, il y a donc une vie après la vie ?

"Pour moi, c'est une continuité. J’ai écrit ce livre pour transmettre ce message. : nous sommes des voyageurs pour lesquels le décès n’est qu’une étape de plus, l’occasion de prendre une autre route, d’aborder une nouvelle existence. J’espère ainsi délivrer les gens de la peur de la mort, les aider à l’aborder plus sereinement et soulager leurs proches. Nous avons une mauvaise éducation par rapport à la mort dans notre pays. Elle est trop taboue."


Que se passe-t-il là-haut ?

"Lorsqu’une personne décède, elle arrive dans l’amour et monte dans la lumière. Elle rejoint sa famille vibratoire. Je n’invente rien : c’est ce que décrivent les rescapés des expériences de mort imminente. Ils voient un tunnel, de la lumière, ressentent un amour inconditionnel et aperçoivent des proches défunts qui les attendent. Cette idée peut surprendre. Je n’ai aucun mérite à croire à cette vie mais je la vois exister dans mes échanges médiumniques. Certains esprits continuent à travailler, d’autres se reposent et certains rendent visite aux vivants parce qu’ils ressentent la nécessité d’aider un proche."


Comment être réceptif aux signes qu’ils envoient ?

"C’est un ressenti qui s’avère très furtif. Il faut écouter cette première émotion qui jaillit, ne pas prendre le temps de la "mentaliser". C’est un exercice à faire au quotidien, exactement comme quand on s’exerce à se souvenir de ses rêves en les notant au réveil ou quand on s’initie à la pensée positive. Il faut imprimer ses intuitions, les saisir comme des messages, des GPS qui nous guident dans nos choix au quotidien. Les écouter nous aiderait à éviter bon nombre de situations délicates, dans nos choix comme dans nos rencontres humaines. Je suis persuadée que notre vie est déjà tracée avant notre arrivée sur terre. On doit apprendre à ne pas confondre nos envies et nos besoins. Si nous rencontrons des difficultés, des obstacles, c’est peut-être que notre désir n’était pas juste."


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Comment mieux vivre son deuil?

"Le départ d’un être cher est évidemment une épreuve très dure à surmonter. J’ai perdu mon mari, je peux en témoigner. Il faut accepter les différentes étapes : le choc de l’annonce d’abord, la colère, la culpabilité, puis le chagrin et le manque. Mais il faut malgré tout essayer de ne pas rester enfermée dans sa coquille, de s’ouvrir aux messages que l’âme pourrait nous envoyer, se mettre à l’écoute de ses vibrations. Elle peut s’exprimer à travers nos rêves, nous rendre visite quand notre mental se met au repos, pour nous transmettre un message, un éclaircissement. Tout comme elle peut, par la puissance de son amour, nous transmettre une odeur, un parfum qu’elle aimait de son vivant, nous frôler pour nous faire prendre conscience de sa présence. On peut aussi ressentir comme des fourmillements, une sensation de caresse, de chaleur si elle s’approche lentement pour nous câliner. Certaines personnes me racontent avoir eu l’impression d’être visitée la nuit, d’avoir senti une présence, mais avec le recul, ils se disent que leur peine les fait disjoncter. Avec ce livre, j’espère encourager les lecteurs à se faire confiance. Ces signes sont réels et viennent de nos proches défunts pour nous aider à accepter leur départ, à aller de l’avant."


Avez-vous un conseil à nous donner pour mieux accompagner nos proches à partir ?

"Lorsque le décès est annoncé, prévisible, il offre aux proches l’occasion d’accompagner le parent dans son ultime voyage. Il est important de lui dire ce qu’on a sur le cœur et de l’inviter à faire de même. S’il semble avoir perdu connaissance, je suis persuadé qu’il entend. Parlez-lui. Dites-lui qu’il peut partir, que vous acceptez son départ et qu’il ne s’inquiète pas pour vous, qu’il peut voyager le cœur léger. Beaucoup ne me croiront pas, mais une telle démarche peut les aider. Et je peux vous affirmer que les défunts sont attendus de l’autre côté par des proches déjà disparus, qui sont heureux de les retrouver."


Vous regrettez que notre société écarte les enfants du deuil ? Expliquez-nous.

"Je croise encore beaucoup de familles endeuillées à qui je demande : « et comment vont les enfants ? » Elles me répondent alors : « on ne lui a encore rien dit par crainte de sa réaction. » Un enfant a pourtant des antennes. Même tout petit, il sent les vibrations, la tristesse, la peine. Les écarter de l’événement peut entraîner chez eux une perte de confiance à notre égard et un sentiment de culpabilité. Cela peut provoquer des réactions à retardement. L’enfant doit, au cœur du deuil, se sentir aimé, entouré."


Son livre : "La pierre du souvenir, comment vivre son deuil", éd. Michel Lafon, 17,95 €

Source : Femme actuelle