Le Tarot de l'art d'aimer - Arcane 1, le bateleur

2014


Support divinatoire pour certains, miroir psychologique pour d’autres, le Tarot s’adresse avant tout à notre monde intérieur, à cette partie secrète qui attend qu’on lève son voile pour nous donner à voir et à comprendre notre présence au monde. Vingt-deux arcanes majeurs qu’il faut considérer comme un livre initiatique auquel il manque la reliure. Cette reliure c’est à chacun de nous de la créer en fonction de notre parcours individuel et spirituel, car le tarot est avant tout un chemin initiatique qui s’ouvre par l’arcane I Le Bateleur jusqu’au Mat (l’arcane sans nombre). Et il ne saurait y avoir de chemin initiatique sans amour qu’il soit à la fois charnel et spirituel. Sur le plan de l’incarnation terrestre, l’amour a besoin de s’incarner dans une âme, un esprit et un corps. C’est pourquoi « Le tarot de l’art d’aimer » abordera essentiellement chaque lame sous cet éclairage, celui des sentiments et de l’amour. Nous découvrirons ainsi du premier au dernier arcane comment celui-ci vit sa passion amoureuse.

Le Bateleur


PRÉSENTATION :

Il ouvre le chemin. Le Bateleur c’est chacun de nous en route vers sa propre destinée et réalisation. Il est dynamique, jeune, plein d’énergie et d’espoir. Son enthousiasme le porte vers tout ce qui peut l’aider à évoluer, à grandir, à apprendre. Il est ce premier souffle primordial en l’absence duquel toute vie serait vaine. Si on l’observe attentivement, il résume l’intégralité du tarot (sur la table, se trouvent les écus, des couteaux qui symbolisent les épées, les coupes et le bâton qu’il tient en main) autrement dit, il exprime notre potentiel, ce que nous contenons et dont nous n’avons pas conscience ou si peu. Mais une petite étincelle, une intuition nous disent que ce quelque chose vibre en nous et demande à être découvert, dans le sens d’une mise en lumière.
Le piège qui se dresse pour Le Bateleur, c’est son trop-plein de désir et par conséquent d’illusions. En effet, son élan, sa fougue sont tels qu’il lui arrive d’emprunter le mauvais sentier, de prêter attention à des futilités, de se laisser aller parfois à la facilité, etc.. En fait, sa faiblesse mais aussi sa force réside dans sa jeunesse, et il faut bien que toute jeunesse se fâche, se révolte pour, ensuite, mieux se retrouver. Ainsi, à chacun ses propres expériences et égarements, souvent nécessaires à la vraie compréhension des êtres et des choses. Sa coiffe, la lemniscate (en forme de huit renversé symbolise l’infini) exprime ses multiples possibilités d’évolution, il y a donc en chacun de nous, et peu importe notre plan d’incarnation, une ouverture qui s’offre mais qui demande en retour une réelle prise de conscience, en l’absence de laquelle nulle évolution spirituelle n’est envisageable.

SA FAÇON D'AIMER :

Le Bateleur est un amoureux fou, permanent. Sa tenue vestimentaire aux multiples couleurs marque ses embrasements, ses élans qu’il a du mal à maîtriser. Il aime comme un cœur bat, et, grand dieu, qu’il bat ce cœur dans cette poitrine jeune, toujours prête à mordre la vie ! Ainsi, sa vie amoureuse pour aussi riche et tumultueuse qu’elle soit reste par voie de conséquence difficile à stabiliser. Eh oui ! il ne sait pas résister au vent nouveau, à l’appel des sens… C’est un touche à tout, en témoignent tous ces objets présents sur sa table. Il adore découvrir, vivre de nouvelles expériences, aventure est son mot fétiche ! Autant dire que sa vie amoureuse est riche et truffée de rebondissements et il peut aisément s’en accommoder, car sa capacité à rebondir, à s’adapter à tout type de situation est l’une de ses principales qualités. Alors, bien sûr, cela peut faire du dégât, parfois, souvent, pour ne pas dire toujours, et ce tant qu’il n’aura pas pris conscience que les battements d’ailes du papillon provoquent des répercussions à l’échelle planétaire. Tant qu’il n’aura pas pris conscience des conséquences de sa frivolité, il ira d’amour en amour, mais aucun ne sera l’amour avec le grand A.



ET SI LORS D’UN TIRAGE, LE BATELEUR RENCONTRE :



— LA PAPESSE (arcane II) : là, il devra faire un effort considérable pour se mettre à niveau, car La Papesse n’aime pas la légèreté, le superficiel. Grâce à elle, il peut commencer « à tailler sa pierre » pour enfin grandir et amorcer son évolution. Ce sera donc un amour exigeant et peu tolérant de la part de l’autre




— L’IMPÉRATRICE (arcane III) : Elle se reconnaît en lui durant sa prime jeunesse, et, lui, voit en elle une complice pour ne pas dire une jumelle. Mais là est son erreur, il tombe dans le piège de ses illusions. L’Impératrice va donc lui enseigner à ne pas toujours prendre ses rêves pour des réalités. Dur rendez-vous avec le réel qu’implique aussi l’amour. Avec L’Impératrice, il découvre qu’on ne vit pas toujours d’amour et d’eau fraîche.




— L’EMPEREUR (arcane IIII) : La Papesse l’a aidé à grandir, L’Impératrice l’a placé face à la réalité des choses. À présent, L’Empereur le confronte à lui-même et aux questions terre-à-terre. Il lui demande d’assumer pleinement ses responsabilités. De fait, il apprend que le verbe aimer ne saurait se conjuguer qu’à un seul temps, celui de l’éternel présent. Tâche ô combien complexe pour Le Bateleur !




— LE PAPE (arcane V) : L’Empereur a appris la rigueur, le sens moral au Bateleur. Le Pape lui inculque que l’amour peut avoir plusieurs dimensions : l’âme, l’esprit et le corps. C’est, pour le Bateleur, une étape considérable, un palier est à franchir en présence du Pape. Le Bateleur se forge sa propre colonne vertébrale, celle qui l’aidera à se tenir droit dans la tourmente que peut traverser parfois la vie amoureuse.




— L’AMOUREUX (arcane VI) : Toute évolution présente des pièges pour nous tester, mesurer si les étapes précédentes ont bien été intégrées. Avec L’Amoureux, c’est la tentation qui se présente au Bateleur. Alors, que va-t-il faire ? Céder ou pas ? Là est la question que lui pose l’arcane VI. Il est donc confronté à son libre arbitre. Pas facile pour lui qui aime tant la diversité, l’aventure.




— LE CHARIOT (arcane VII) : Selon son choix lors de son passage par L’Amoureux, Le Bateleur va seller sa monture et prendre Le Chariot qui doit le conduire vers une nouvelle étape. Soit il s’inscrit dans la continuité de sa relation soit il l’a rompue lors de l’étape précédente. Quoi qu’il en soit, c’est l’heure de la prise de conscience avec toute la gravité que cela implique. Le Bateleur a désormais du « plomb » dans la tête et vit pleinement l’implication de sa conduite amoureuse.




— LA JUSTICE (VIII) : C’est l’étape de l’engagement. Le Bateleur, qui a pris de la maturité depuis sa rencontre avec La Papesse et les autres arcanes, se doit maintenant de mettre dans La Balance le poids de ses actes passés. Il est face à sa propre conscience, c’est une phase d’introversion. Phase à l’issue de laquelle un nouvel équilibre s’instaurera en lui. L’amour ne sera plus vécu par simple plaisir, pour la seule satisfaction des sens.




— L’HERMITE (arcane VIIII) : À la suite de son passage par La Justice, une gravité prend jour en lui, Le Bateleur — l’arlequin du tarot — ressent qu’à présent il n’est plus le même, que les années d’insouciance sont désormais derrière lui. Il s’en suit une sorte de solitude intérieure, il est en proie à des sentiments nouveaux qu’il ne parvient pas à formuler clairement. Il aime avec pudeur et solidité. Le mot « fidélité » revêt maintenant tout son sens.




— LA ROUE DE FORTUNE (Arcane X) : Penser que Le Bateleur peut rester indéfiniment dans l’état engendré par L’Hermite est impensable étant donné ce feu intérieur qui l’habite. Ainsi, s’engage pour lui un nouveau cycle par La Roue de Fortune. La vie lui apparaît sous un nouveau jour et de là sa vie sentimentale trouve un nouvel élan. Il sait que rien n’est acquis définitivement et qu’il faut se montrer vigilant pour préserver l’amour de l’autre.




— LA FORCE (arcane XI) : Le nouvel élan de La Roue de Fortune va s’organiser, prendre corps avec La Force. Celle-ci l’oblige à prendre les choses en main, à ne plus trouver de subterfuges, d’excuses, etc. Le Bateleur se sent apte à s’installer dans une vie amoureuse pleine et entière. Il se sent investi par une force, une responsabilité qu’il n’avait jamais osé envisager avant. Il prend aussi davantage conscience de son propre potentiel (nous retrouvons dans La Force la même coiffe que la sienne, la lemniscate en forme de huit renversé).




— LE PENDU (arcane XII) : là, Le Bateleur franchit une étape cruciale. Son passé peut le rattraper et lui demander des comptes… Il devra faire le point et rompre avec certaines attaches susceptibles de ralentir pour ne pas handicaper son évolution et mettre à mal sa vie sentimentale qu’il a pris soin de construire avec cœur. Il devra faire la distinction entre l’amitié amoureuse et l’amour.




— L’ARCANE SANS NOM (arcane XIII) : En fonction de la qualité de son passage avec l’arcane précédent, L’Arcane sans nom implique une remise en question radicale. Tant sur son plan personnel que pour sa vie sentimentale. Soit le couple passe par des vicissitudes qui le mettront à l’épreuve, soit il se renforce sur de nouvelles bases lesquelles seront fortes et durables. À ce stade, La Bateleur ne peut plus s’en sortir par des pirouettes intellectuelles, son sens de l’humour. C’est du style : ça passe ou ça casse…




— LA TEMPÉRANCE (arcane XIIII) : ah ! La Tempérance arrive au moment opportun. Elle vient apporter sa note de sagesse et de constance. L’arcane précédent, éprouvant et sans concession, laisse inexorablement des traces psychologiques qu’il convient ensuite de dépasser. La Tempérance conseille donc au Bateleur de faire une pause, de bien peser le pour et le contre afin de ne pas se tromper d’objectif. L’Arcane XIIII tend à adoucir la relation si celle-ci a connu antérieurement des remous




— LE DIABLE (arcane XV) : Après le soleil le mauvais temps. Le Diable invite à l’ultime mise à l’épreuve. Il se présente pour provoquer les sens de notre Bateleur, mais si les leçons précédentes ont bien été comprises et intégrées, Le Diable n’exercera aucune emprise. Par contre, si une fragilité demeure, Le Diable s’y infiltrera avec toutes les conséquences que cela sous-entend : entre autres, désaccords à la fois intellectuels et physiques avec le partenaire…




— LA MAISON-DIEU (arcane XVI) : tremblement de terre, tout bascule, rien ne va plus. Tel pourrait être le climat engendré par La Maison-Dieu. Mais ce chambardement peut s’avérer constructif s’il est partagé par le couple. Chacun apporte sa pierre à l’édifice à (re) construire. Il y a de la passion dans la relation, aussi faut-il veiller à ce que celle-ci ne fasse pas entrave au cours des choses. Passion et raison ne font pas toujours bon ménage.




— L’ÉTOILE (arcane XVII) : la porteuse d’espoir L’Étoile apporte son harmonie et sa douceur. Les objectifs trouvent un terrain d’entente et la relation s’inscrit dans la beauté à la fois esthétique et spirituelle. L’un ne peut vivre sans l’autre sans pour autant verser dans un état fusionnel ou de possessivité. Le Bateleur retrouve sa part de jeunesse qui ne l’avait jamais quitté, mais qui s’était mise en dormition.




— LA LUNE (arcane XVIII) : La Lune nous parle des sentiments, de la vie de famille et donc de l’enfance. La fertilité est aussi l’un de ses attributs. De fait, la question de fonder une famille c’est-à-dire d’avoir un enfant peut se poser au Bateleur. Lui, qui reste au fond un éternel adolescent, sera-t-il apte à éduquer son enfant ? Telle la question que lui pose La Lune à son stade d’évolution. Des questions liées à sa propre enfance peuvent aussi ressurgir et demander à être clarifiées…




— LE SOLEIL (arcane XVIIII) : tout s’éclaire d’un jour nouveau pour Le Bateleur. Sa vision des choses est plus précise, finies les illusions, place à la vie non intellectualisée, mais vécue sur tous les plans : âme, corps et esprit. De là, sa vie sentimentale est heureuse car tout problème trouve sa solution sans heurts ni radicalité. Si naissance d’un enfant il y a eu depuis l’arcane précédent, il sait se montrer à la hauteur de cette lourde responsabilité.




— LE JUGEMENT (arcane XX) : c’est le moment où Le Bateleur fait le point, se retourne sur son passé, voit tout le chemin parcouru et les résultats obtenus. L’heure non pas d’un bilan, mais d’une nouvelle prise de conscience. Il connaît ses propres capacités et par conséquent ce qu’il est capable de réaliser ou non. Il est donc à l’abri des erreurs de jugements et d’orientations. Sa vie sentimentale lui apporte toute la force dont il a besoin, c’est son socle, son foyer d’énergie et d’amour.




— LE MONDE (arcane XXI) : la pleine et entière maturité. Le Bateleur voit enfin ses désirs les plus chers se réaliser. Épanouissement et joie de vivre. Sa réalisation intérieure est riche et variée, et peu importe à quel niveau de conscience cela se joue, il est en paix avec lui-même et de là avec le monde qui l’entoure. Finies les vieilles rancunes, les mauvais souvenirs, place à la vie présente, ici et maintenant. Il s’est édifié grâce à son courage et sa volonté.




— LE MAT (arcane sans nombre) : c’est l’arcane de la liberté, du départ, mais pas n’importe lequel. Le départ vers de nouvelles contrées intérieures. Cet arcane n’a pas de nombre car il rompt la trajectoire pour en indiquer de nouvelles. Il brise le cercle des répétitions pour engendrer la spirale évolutive. Rien de tel pour stimuler l’ardeur et la curiosité du Bateleur qui a soif de connaissance ! Mais, attention, ce départ peut se faire à deux ou seul. Tout dépendra de la réussite des étapes précédentes.



PROCHAIN RENDEZ-VOUS : L’arcane II - LA PAPESSE



Fabrice Pascaud pour AVS
Article sous copyright - Toutes reproductions interdites.