Le Tarot de l'art d'aimer - Arcane 4, l'empereur

2014


Support divinatoire pour certains, miroir psychologique pour d’autres, le Tarot s’adresse avant tout à notre monde intérieur, à cette partie secrète qui attend qu’on lève son voile pour nous donner à voir et à comprendre notre présence au monde. Vingt-deux arcanes majeurs qu’il faut considérer comme un livre initiatique auquel il manque la reliure. Cette reliure c’est à chacun de nous de la créer en fonction de notre parcours individuel et spirituel, car le tarot est avant tout un chemin initiatique qui s’ouvre par l’arcane I Le Bateleur jusqu’au Mat (l’arcane sans nombre). Et il ne saurait y avoir de chemin initiatique sans amour qu’il soit à la fois charnel et spirituel. Sur le plan de l’incarnation terrestre, l’amour a besoin de s’incarner dans une âme, un esprit et un corps. C’est pourquoi « Le tarot de l’art d’aimer » abordera essentiellement chaque lame sous cet éclairage, celui des sentiments et de l’amour. Nous découvrirons ainsi du premier au dernier arcane comment celui-ci vit sa passion amoureuse.

L'Empereur


PRÉSENTATION :

Avec L’Impératrice, ils représentent le pouvoir temporel. Sa position est stable, se dégagent de lui une force et une puissante volonté. Mais il n’est pas totalement dans le lâcher-prise, autrement dit dans la certitude absolue de l’autorité qu’il exerce. En effet, il repose sur son trône sans être totalement assis. Ce qui sous-tend une vigilance, une hyper conscience de la nature éphémère de chaque chose, et de la nécessité de se rattacher au principe supérieur. Il incarne donc la force de la pensée, de la raison et le maintien de l’ordre supérieur (qui sera personnifié dans sa fonction spirituelle par l’arcane suivant Le Pape). Avec L’Impératrice, ils sont l’incarnation de l’énergie féminine (yin) et masculine (yang), l’un ne pouvant totalement vivre en parfaite et pleine conscience en l’absence de l’autre.
Sa barbe et son cou blancs expriment sa pureté qui passe par le cinquième chakra du centre de la gorge nommé Vishudda. Ce chakra est associé à l’éther et favorise l’accès à un plan de la réalité plus subtil. Il confère aussi un très grand sens du discernement dont L’Empereur fait preuve dans l’exercice de son pouvoir. L’aigle jaune (puissance solaire) situé au niveau terrestre symbolise son rôle de guide, l’aigle étant lié à la voyance, la vision sur le long terme. L’Empereur a donc la capacité d’anticiper, mais essentiellement sur le plan horizontal, le plan vertical étant l’apanage du Pape (arcane suivant). L’Empereur exprime la sévérité des maîtres qui savent faire preuve de dureté avec mesure. Il se détache de la pesanteur matérielle sans pour autant la nier (pieds blancs), et nous enseigne ainsi à ne rien déconsidérer, mais à approfondir chaque chose pour l’intégrer et ainsi pouvoir la mieux dépasser.



SA FAÇON D'AIMER :

Regardez-le attentivement. Il faut toujours contempler une lame située à la place qu’elle occupe dans l’itinéraire du Tarot. L’Empereur suit L’Impératrice et oriente son regard vers elle, sa compagne. Cette posture montre son esprit protecteur, bienveillant à l’égard de celle qui partage sa vie et ses valeurs, et réciproquement. L’Impératrice, bien que de face, a ses yeux dirigés vers lui, et son sceptre penche vers celui de L’Empereur, exprimant ainsi le lien indéfectible qui les unit et leur communion d’âme (sceptre jaune = puissance solaire et royale). Ce sceptre incliné vers le celui de L’Empereur indique aussi la solidité de ce dernier et l’interpénétration des énergies subtiles entre eux.
L’Empereur est entier dans l’expression de ses sentiments et de son amour. Le nombre IIII le symbolise : stabilité, fermeté, organisation… Il n’est donc pas l’homme des à-peu-près, des compromissions, mais l’homme de la droiture absolue ! Il est par conséquent d’une très grande fidélité. Lorsqu’il donne son affection, accorde sa confiance et son amour c’est sans arrière-pensées ni calcul. Mais que l’autre vacille ne se montre pas à la hauteur de ses exigences… L’Empereur dans ce cas se montre inflexible, voire impitoyable. Il aime dans le partage, la transparence, l’équilibre. Loin de lui les relations ambiguës, troubles, son extrême lucidité le met à l’abri des illusions, de la dérive des sentiments. Malgré sa maîtrise, bouillonne le feu d’une grande passion (haut de sa tiare et manteau rouges). Mais celle-ci ne domine jamais totalement sa sagesse (intérieur bleu), il parvient à trouver le juste milieu (ceinturon jaune : zone pelvienne régie par la puissance solaire). Il incarne l’union parfaite, tendue vers une réalisation à deux tout en respectant les choix du partenaire (L’Impératrice, corps de face, marque ainsi sa totale liberté d’orientation, mais tout tenant compte du regard avisé de L’Empereur).



ET SI LORS D’UN TIRAGE, L'EMPEREUR RENCONTRE :



— Le Bateleur (arcane I) : le talentueux et insaisissable Bateleur parviendra-t-il à éblouir, voire étourdir la stabilité de L’Empereur ? Ce dernier, quant à lui, bien que séduit par ces facéties, reste sur son quant-à-soi, bien ancré sur ses valeurs. Ils peuvent se compléter : un peu de fantaisie chez L’Empereur, davantage de profondeur chez Le Bateleur, et ils formeraient un duo très singulier. Lequel acceptera de céder une part de son terrain ? Là est la question…




— LA PAPESSE (arcane II) : avec elle, L’Empereur prend conscience de l’aspect éphémère des choses et de la fragilité du pouvoir qu’il a entre les mains. C’est à un supplément d’âme que La Papesse l’invite. De fait, si L’Empereur accepte de descendre de son piédestal, la relation peut se construire sur des bases solides et durables. De son côté, La Papesse devra prendre davantage en considération la réalité matérielle sur laquelle L’Empereur a plein pouvoir. Un effort d’adaptation lui sera donc réclamé.




— L’IMERATRICE (arcane III) : l’un est le reflet de l’âme de l’autre. Ils se comprennent sans mot dire. C’est le couple dans sa plénitude, l’harmonie totale. Mais gare à ne pas se couper de la réalité, à se croire au-dessus de la mêlée au risque de se réfugier dans une tour d’ivoire. Il s’ensuivrait une rupture et un déphasage dont les conséquences seraient fâcheuses. L’amour ne doit pas couper l’enracinement avec la matérialité, passage essentiel à toute initiation. Aimer sans pour autant fusionner…




— LE PAPE (arcane V) : Le Pape confronte L’Empereur à sa propre conscience ; il explore sa part d’ombre. Par cette rencontre, L’Empereur doit réaliser que le temporel et le spirituel ne sont pas incompatibles, et qu’ils peuvent se fondre dans un même creuset, celui de l’amour absolu, vécu tant sur le plan physique que métaphysique. De là, une grande remise en question pour L’Empereur. Fendre la cuirasse pour laisser jaillir pleine et entière la lumière du cœur.




— L’AMOUREUX (arcane VI) : rien ne va plus ! Dans la valse des sentiments, L’Empereur n’est guère à son aise. Les remous occasionnés par sa rencontre avec Le Pape ont engendré une fragilité, et l’éruption du langage des sens. L’empereur se sent submergé, ses assises ne sont plus aussi solides, l’édifice de ses certitudes chancèle. L’Amoureux l’oblige à devoir se positionner dans sa relation amoureuse. Il cherche une issue, tente d’éviter ce rendez-vous. L’Empereur se voit dans l’obligation de réviser certains de ses jugements.




— LE CHARIOT (arcane VII) : L’Empereur est poussé par une énergie inconnue, une nouvelle source d’inspiration symbolisée par Le Chariot. C’est le moment de mettre en pratique les décisions prises lors de l’étape antérieure avec L’Amoureux. Mais la vigilance s’impose. Ne pas s’emballer ni s’embarquer sur des sentiers amoureux hasardeux. L’Empereur à cette étape doit donc se centrer sur lui-même et bien envisager ce vers quoi le conduira sa décision. Soit un nouvel élan insufflé à sa relation actuelle, soit une rencontre imprévue qui chamboule l’ordre des choses.




— LA JUSTICE (VIII) : la Justice lui demande de mettre de l’ordre dans ses idées et dans sa vie. C’est le moment pour L’Empereur de s’accorder avec les désirs de l’autre, de faire quelques concessions, ce qui n’est pas dans sa nature. Si rien n’est fait en ce sens, l’épée de La Justice rendra son verdict qui risque d’être implacable. L’Empereur ne peut plus faire marche arrière, il doit affronter son destin. S’il suit la directive de La Justice (le regard droit devant), dans ce cas les chances d’harmonie sont grandes. À lui d’équilibrer la balance de ses sentiments.




— L’HERMITE (arcane VIIII) : irrémédiablement tourné vers l’avenir (regard orienté vers sa droite), L’Empereur déteste revenir sur ses pas. Pourtant, L’Hermite, sa lanterne dirigée vers lui, l’avertit qu’un événement ancien risque de ressurgir et d’assombrir sa situation présente. L’Empereur devra donc bon an mal an clarifier cette affaire en faisant appel à la sagesse et la compréhension. S’il néglige cette histoire, sa vie pourrait connaître un revirement le menant droit vers une traversée du désert tant amical que sentimental. Savoir tirer les leçons du passé…




— LA ROUE DE FORTUNE (Arcane X) : en fonction de la décision prise lors de l’étape précédente, La Roue de Fortune tournera en faveur ou défaveur de L’Empereur. Quoi qu’il en soit, un changement interviendra dans sa vie, les choses ne seront jamais plus comme avant. Le partenaire peut influencer considérablement le cours des événements et il devra s’y adapter. Dans le cas contraire, la relation pourrait passer par une grande instabilité pour ne pas dire des remous. L’Empereur fait l’apprentissage du contre-pouvoir qu’il soit professionnel ou sentimental.




— LA FORCE (arcane XI) : la présence de La Force prouve que L’Empereur a su prendre les bonnes décisions et, qu’à présent, il maîtrise parfaitement la situation. Il prend de nouveau les choses en main et sait parfaitement où il en est et où il veut aller, lui et sa/son partenaire. La relation est forte et les sentiments s’intensifient. La passion et la raison voisinent harmonieusement. Entente parfaite dans le couple et excellente complicité. Attention cependant à ne pas trop vouloir plier les événements à sa propre volonté. La Force peut piéger l’ego…




— LE PENDU (arcane XII) : les événements vont contraindre L’Empereur à devoir réviser sérieusement ses valeurs, ses jugements. Le Pendu lui demande de faire le point, de ne pas s’installer dans la résistance. Il doit impérativement prendre conscience de ses points faibles (Le Pendu est suspendu par le talon d’Achille). L’indécision mène la danse, aussi il convient de faire du temps un allié. Valse-hésitation, renversement de perspective, autant de point que L’Empereur ne peut tolérer, et pourtant ! Ses sentiments sont instables, indécis…




— L’ARCANE SANS NOM (arcane XIII) : selon l’attitude que L’Empereur a adoptée avec Le Pendu, à présent, L’Arcane XIII l’oblige à s’incarner dans les faits. Le sentiment d’une fatalité, d’un rendez-vous fixé par des « instances supérieures » dictent sa conduite. Il sait qu’il est à une étape cruciale de son existence, qu’il n’a plus droit à l’erreur. Sa vie sentimentale peut connaître un revirement considérable. Mais revirement ne signifie nullement une fin, une mort. S’il sait négocier avec sagesse le message de L’Arcane XIII, un niveau de conscience supérieur sera atteint.




— LA TEMPÉRANCE (arcane XIIII) : personnage ailé, porteur de sagesse La Tempérance symbolise la prudence et la mesure en chaque chose. L’Empereur a acquis suffisamment de savoir, d’expérience pour s’orienter positivement vers son avenir. Sa vie intérieure et affective a trouvé un nouvel équilibre. L’entente et la compréhension dans sa relation sentimentale sont sans ambiguïté ni obstacles, et, en cas obstacles, ceux-ci seraient surmontés avec l’intelligence du cœur. Les deux amphores reliés par un filet d’eau (fluidité des énergies et de la pensée) que tient La Tempérance symbolisent l’étroite relation entre la passion (rouge) et la vie spirituelle (bleu).




— LE DIABLE (arcane XV) : entre l’exercice du pouvoir et l’abus de pouvoir, la ligne de séparation est parfois ténue, et si vite franchie ! Le Diable confronte L’Empereur à cette épreuve. Sa droiture morale sera donc grandement sollicitée. Le sens du discernement acquis grâce à La Tempérance devrait l’aider à ne pas verser dans ce piège grossier de l’ego pour ne pas dire du surmoi. Cela peut toucher plusieurs secteurs de sa vie y compris celui de sa sexualité ; ne pas s’égarer dans les zones troubles et inconnues des plaisirs charnels. La balle est dans son camp ; à lui de savoir jongler avec, et dans le bon sens…




— LA MAISON-DIEU (arcane XVI) : en vertu de la tentation du Diable, La Maison Dieu dresse sa tour laquelle n’est pas l’indice de la fixité. Selon la force que L’Empereur a opposée au Diable, L’arcane XVI exprime ceci : de deux choses l’une ou L’Empereur est le maître de la transformation objective qu’induit La Maison Dieu ou il subit les conséquences de ses excès, voire déviations antérieures. Dans un cas comme dans l’autre, les fondements mêmes sur lesquels il repose seront revisités de fond en comble. Ici se jouent sa détermination et la solidité de ses acquis sur tous les plans de son existence.




— L’ÉTOILE (arcane XVII) : la porteuse d’espérance, la douce Arcane XVII qui déverse le flot de sa connaissance vers les autres, c’est avec une certaine appréhension que L’Empereur l’accueille. Elle bouscule sa sensibilité, lui fait toucher le monde des émotions dont il se garde, se méfie. À son contact, L’Empereur découvre en lui des sensations jusqu’ici inconnues, sensations qui le déstabilisent car il ne peut les contrôler par la raison. L’Étoile l’oblige à devoir accepter et découvrir son anima, c’est-à-dire sa part de féminité. Travail ô combien riche et primordial à son évolution à la fois affective et spirituelle.




— LA LUNE (arcane XVIII) : L’arcane XVII a ouvert le passage vers les énergies subtiles, L’Empereur sait qu’il existe une autre façon d’appréhender la réalité autre que celle de la raison raisonnante. Place est ainsi faite à la surréalité. La Lune l’aide à approfondir, à aller plus avant dans ce monde de l’impalpable, là où le symbole règne. C’est un véritable tour de force pour L’Empereur, mais il sent intuitivement qu’il doit en passer par ce cheminement pour mieux se comprendre et donner un nouveau sens à son existence. Sa relation amoureuse n’en sera que plus grande et épanouissante.




— LE SOLEIL (arcane XVIIII) : dire qu’il y a une parfaite harmonie entre Le Soleil et L’Empereur est une évidence. Mais attention, car cette évidence peut être à double tranchant. L’orgueil et l’ego sommeillent et peuvent surgir à tout instant et parasiter l’éveil intérieur que L’Empereur a entrepris lors des étapes précédentes. Par conséquent, si Le Soleil l’illumine il peut aussi lui brûler les ailes, tel Icare… Quelle place est laissée au partenaire ? Où est sa part de rayonnement personnel ? C’est à un surcroît de conscience que cet arcane convie L’Empereur.




— LE JUGEMENT (arcane XX) : on serait tenté de parler de l’heure du bilan. L’Empereur est face à lui-même. Le Jugement lui demande de prendre infiniment de recul vis-à-vis de ses engagements et de ses valeurs. La sensation de la puissance de sa condition se fait intimement sentir, l’ego se débat encore dans l’espoir de ne pas s’en laisser compter. Mais à ce jeu, L’Empereur risque de perdre de son prestige voire de démériter aux yeux de son/sa partenaire. Un grand discernement s’impose…




— LE MONDE (arcane XXI) : si l’ego a triomphé, dans ce cas L’Empereur vit dans l’illusion que Le Monde lui appartient. Mais la couleur blanche de ses pieds, signe de pureté, ne l’entend pas ainsi. Non, Le Monde n’est pas à ses pieds, justement ! Là est l’ultime et grande leçon de sa vie. Partir à la rencontre de son monde intérieur devient un impératif et abandonner peu à peu son emprise sur le monde phénoménal. Se centrer sur l’essentiel, c’est-à-dire l’amour, énergie indépassable et essentielle. Voilà le commandement lancé par L’arcane XVIIII.




— LE MAT (arcane sans nombre) : « À quel stade en es-tu ? » « Où vas-tu ? » Telles sont les questions que lui pose Le Mat. Personnage à l’apparence dépenaillée, mais doté d’une force intérieure à toute épreuve. L’Empereur pressent qu’il n’a aucune prise sur lui. Le Mat lui renvoie la puissance de ce qu’est la liberté intérieure, la seule qui vaut la peine d’être gagnée et vécue. Face à face de taille où L’Empereur devra s’appuyer aussi sur la parole de son alter ego, de l’être aimé. Dans le cas contraire, il peut s’en suivre une perte irréparable, un chaos considérable…



PROCHAIN RENDEZ-VOUS : L’arcane V - LE PAPE



Fabrice Pascaud pour AVS
Article sous copyright - Toutes reproductions interdites.