Les médiums ne sont pas tous des charlatans

2016

Fondateur de l'Institut de recherche sur les expériences extraordinaires et créateur de la série documentaire «Enquêtes extraordinaires» sur M6, Stéphane Allix a rencontré des médiums.

Pourquoi avoir créé l’Inrees??

Stéphane Allix : J’étais grand reporter et je me trouvais en Afghanistan quand, en 2001, mon frère est mort accidentellement. Une question ne m’a dès lors plus quitté?: où est-il désormais?? Qu’y a-t-il après la mort?? J’ai entrepris une grande enquête qui m’a conduit à interroger des médecins, des chercheurs, mais aussi les sages de différentes grandes traditions. En 2007, j’ai ressenti le besoin de créer l’Inrees pour faire mieux connaître les recherches médicales et scientifiques existantes, partager des informations sur ces sujets, faire venir des chercheurs, des conférenciers, histoire de porter un regard méthodique et rigoureux sur ces expériences, souvent mal comprises.

Ce qui vous a amené à rencontrer des médiums…

Et à me rendre compte qu’ils n’étaient pas tous des charlatans. Il y en a bien sûr, mais les recherches scientifiques, dont celles de Julie Beischel, cofondatrice et directrice de recherche du Windbridge Institute, diplômée en pharmacologie et en toxicologie de l’université d’Arizona, montrent d’étonnants résultats. La rigueur des tests est trop longue à décrire ici, mais, dans les grandes lignes, ils consistent à interroger des médiums sur des défunts dont ils ignorent tout et ensuite de vérifier la précision des informations. Lorsque le médium est testé, tout est contrôlé?: il n’a accès à aucune information sur les “cibles”, n’est en contact physique avec aucun des chercheurs, et toutes les sessions sont enregistrées. Le médium est seul au moment des tests. S’il parle pendant une demi-heure et ne dit que des choses générales et seulement deux ou trois infos qui tombent juste, ça s’appelle une coïncidence, cette personne n’est pas un médium. Lorsque le médium donne vingt, trente infos précises, c’est autre chose… Et si cela se reproduit de nombreuses fois, il n’y a plus de doutes. Les résultats de ces recherches aux conditions de contrôle draconiennes, aux Etats-Unis mais aussi, dans mon cas, en France, ne laissent pas d’autres choix?: des médiums ont obtenu des infos de la part de personnes… défuntes. Un contact avec l’au-delà est l’hypothèse scientifique la plus solide. Cela reste une hypothèse, mais elle est très solide.

Donc ce que vit Patricia Darré ne vous étonne pas…

Du tout, je la crois sincère. Reste que sa grille de lecture est personnelle. “Hiérarchie”, “archanges”, “diable”, etc. C’est sa façon à elle de traduire ce qu’elle vit. D’autres, d’une autre culture, diraient autre chose.

«C'EST L'ABSENCE DE REGARD SÉRIEUX SUR LA QUESTION QUI CRÉE LES SUSPICIONS»


Qu’apportent les médiums??

Ils peuvent aider les endeuillés par exemple. Prenez ce père qui ne se remet pas de la mort de son petit garçon. Un médium est entré en relation avec lui, lui a décrit le jouet qu’il avait mis – et seul lui le savait – dans le cercueil. Après le désespoir absolu, cet homme a retrouvé de l’espoir. Je connais des professionnels de santé qui recommandent à leurs patients en deuil une consultation chez un médium. Mais cela ne doit pas être systématique, et seul un psychiatre ouvert à ces sujets sera à même de faire de cette consultation atypique une aide précieuse. Si l’on en parlait avec plus de naturel, les gens dans la souffrance n’iraient pas voir des sectes ou des charlatans. Considérant la réalité au prisme médiumnique, il est important à mes yeux que l’on considère cette relation à l’invisible, sans la traiter d’hallucination. C’est l’absence de regard sérieux qui crée les suspicions.

Vous parlez dans vos livres d’un grand médium, Henry Vignaud, dont vous êtes garant. Pourtant, lui se fait payer.

Oui, et, contrairement à Patricia Darré, je trouve cela normal. Il a un talent, il le met au service des autres, comme un peintre, un médecin… De même quand elle dit qu’on ne peut pas convoquer les morts, que seule sa Hiérarchie décide?: Henry Vignaud peut, à partir d’une photo, entrer en contact avec le défunt. Pas quarante fois par jour, bien sûr. Il est vrai qu’il a consacré sa vie à cela. Patricia Darré, elle, est encore journaliste. Qui sait si un jour elle n’ira pas plus loin??

Paris Match

«La mort n'est pas une terre étrangère», de Stéphane Allix, éd. Albin Michel.



Article sous copyright - Toutes reproductions interdites.