Energies : Le point d’équilibre, un point vital

2019

Voir une pierre lancée vers le ciel, se mettre à ralentir, s’arrêter un instant comme suspendue dans les airs, puis amorcer sa chute inéluctable mettant ainsi un terme à cette lutte incessante entre sa force d’élévation et la force de gravité, peut nous faire saisir les étapes essentielles du mouvement quand on y réfléchit.

Quant à ce moment si particulier précédant le basculement, il est le point d’équilibre, ce marqueur délimitant un monde en devenir et un monde finissant, un mouvement ascensionnel et en chute, une inspiration et une expiration, un processus vital et un processus mortel.

On peut décliner à « l’infini » ce genre de mise en perspective nous faisant appréhender ce point d’équilibre à la croisée des contraires, caractérisés par les forces ascensionnelles et les forces de gravité, qui s’opposent pour répondre à la nécessité du mouvement, à celle de la dualité et de la vie.



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Ainsi, nous assistons à une lutte incessante entre les forces de gravité, par nature écrasantes et chaotiques, et les forces ascensionnelles par nature émancipatrices et expansives. C’est bien d’ailleurs dans ce type de lutte que l’homme et la femme évolue tout au long de leur vie.

De fait, partant de ce point d’équilibre, deux niveaux de réalités antagonistes s’expriment pleinement, caractérisant parfaitement un mouvement impliquant que l’une des deux forces l’emporte systématiquement sur l’autre à chaque instant, sinon ce mouvement se figerait en générant une tension extrême entre deux forces opposées jusqu’au point de rupture. Il n’y a qu’au point 0 que les forces sont en équilibre sans être en tension, au moment où la force ascensionnelle se meurt pendant que la force gravitationnelle prend le dessus.

Toute évolution passe par cet instant de silence paroxysmique. Il en est de même dans l’autre sens. A un moment donné, la force gravitationnelle, toujours en lutte avec les forces de vie, perd l’avantage et l’on repart sur un processus ascensionnel.



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Ce point 0 est-il un passage unique, intemporel et nécessaire à la manifestation de toutes choses?

Possible, car ce n’est pas un état à proprement parler, puisque son identification n’est révélée que par ce moment ultime où tout bascule. Mais alors, comment attribuer un espace-temps défini à un point de basculement dont l’étendue semble tendre vers l’infiniment petit, le rendant invisible et non quantifiable, voire non réel alors qu’il semble doté d’un certain niveau de réalité pour pouvoir agir?

Je doute que l’on puisse lui attribuer des paramètres physiques d’espace et de temps. Toutefois, il témoigne du mouvement apparent comme la particule de lumière qui n’est visible que par le mouvement qu’elle décrit.



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Mais que peut nous apporter une notion semblant aussi abstraite?

Je la ressens comme l’espoir que toute fatalité semblant inéluctable n’est peut-être pas définitive, car elle est sous-tendue par la notion de cycle. Je la ressens comme une puissance intangible capable de nous donner la possibilité d’agir ou de ne pas agir, générant des postures pouvant solutionner une situation inextricable dans laquelle nous sommes empêtrés.

Et puis, sans évoquer une situation extrême où tout bascule, ce qui arrive parfois, toute situation finissante est l’occasion de nouvelles perspectives.

Cette notion de décomposition du mouvement d’un objet lancé en l’air fait écho aux cycles plus ou moins grands régulant notre existence et nos énergies vitales. On ne peut en tirer profit que si l’on en prend conscience par une observation attentive et répétée de ce qui se passe. On finit par s’imprégner de cette dynamique ascensionnelle et gravitationnelle de toutes les situations. On passe ainsi de la connaissance au savoir-faire, et pourquoi pas, au savoir être en toute circonstance pour le meilleur de nous-mêmes.



Stéphane Rieux
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