Claude François a frolé la mort 5 fois !

2018

La vie de Claude François ressemble à une course-poursuite contre la mort qu'il finira par perdre avant ses quarante ans. "Je suis un anxieux, reconnaissait-il par moments. J'ai peur de la mort, du néant, peur du vide, de l'infini..." Une crainte qui virait à l'obsession selon ses proches et qui l'amenait à fréquenter des voyantes pour conjurer le pire. Foncer sans se retourner, comme si toute minute gagnée était un sursis, et surtout s'imposer, réussir, briller, avant que tout ne s'arrête. Ainsi filait la vie de Claude François, pied au plancher, l'artiste tirant sans cesse sur la corde, puisant dans ses réserves sans écouter son propre corps.

Dès les premiers succès, dans les années soixante, les alertes se multiplient : son perfectionnisme maladif alimente un stress permanent, doublé de malaises et de fatigues chroniques. Sans compter la pression des fans et les aléas des tournées... En 1965, une scène s'écroule à Abbeville, en plein concert : on relève le chanteur des gravats, il s'en tire avec quelques côtes cassées. Qu'importe ! En bon Oriental (il est né en Égypte), Claude François croit avoir la baraka. C'est sûr, la chance est avec lui, rien ne peut l'arrêter sur la route du succès. Pourtant, le plus grave est à venir : il va désormais côtoyer la mort de très près.

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Accident, agression, et même attentat !

En mai 1970, la jeune star est victime d'un grave accident de la route lorsqu'un pneu de sa berline américaine éclate, à près de 180 kilomètres à l'heure. Sa Lincoln Continental coupe les quatre voies et termine sa course contre le talus : Claude traverse le pare-brise et s'en tire miraculeusement avec un nez cassé. Après une rhinoplastie, il repart de plus belle ! Trois ans plus tard, en 1973, deuxième coup dur lors d'un concert au palais des sports de Marseille. La salle est surchauffée, trop peut-être, un fan l'agresse en lui lançant violemment au visage une canette de bière. Claude François tombe K.-O., on croit le pire arrivé, il s'en sort avec une arcade sourcilière ouverte. Rapatrié d'urgence à Paris, il en est quitte pour des points de suture et une belle frayeur.

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En juillet 1975, nouvelle alerte très sérieuse à Monaco. Invité par le prince Rainier et Grace, le chanteur rejoint le Rocher en hélicoptère. À peine déposé sur le parvis du Sporting Club, il voit avec horreur l'engin dans lequel il se trouvait quelques minutes auparavant s'écraser sous ses yeux. Une nouvelle fois - la troisième -, Claude François évite le pire. Mais la série noire continue ! La même année, le 5 septembre, la star se trouve cette fois à Londres pour enregistrer la version anglaise du "Téléphone pleure". Au moment où il sort de l'ascenseur de son hôtel, le hall est dévasté par une bombe de l'IRA, l'Armée républicaine irlandaise. Claude François est projeté par le souffle de l'explosion. "J'ai cru que j'étais mort, raconte-t-il à l'époque. J'avais le corps criblé de poudre et le visage recouvert de chair et de sang, mais ce n'était pas le mien... J'étais totalement sourd." Il souffre de lésions au tympan, mais la mort l'a une fois de plus épargné.

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Neuf balles dans sa Mercedes.

Mais c'est en 1977 qu'il faillit y rester pour de bon. Dans la nuit du 25 au 26 juin, tandis qu'il rejoint son moulin de Dannemois, dans l'Essonne, sa voiture est prise en chasse par des malfrats qui ouvrent plusieurs fois le feu, manquant de le tuer - une balle lui frôle la tempe. Jalousie, rodéo qui tourne mal ? Les poursuivants finissent par abandonner leur proie lorsque Claude atteint les abords du moulin. La police relève tout de même onze points d'impact de 9 mm sur la Mercedes ! Dès lors, une sourde anxiété ne va plus le quitter. "On a prédit trois fois à mon frère qu'il allait mourir jeune, a confirmé sa soeur Josette. Claude était très angoissé les mois qui ont précédé sa mort. Il avait peur qu'il n'y ait plus rien, Il espérait une vie après la vie."

Sa disparition tragique en mars 1978 met un terme à cet incroyable destin accompli sur le fil du rasoir, pendant près de quinze ans. Une fuite en avant vers la reconnaissance absolue. "En réalité, il a vécu la mort aux trousses", analyse aujourd'hui son biographe Fabien Lecoeuvre, conseiller sur le film Cloclo. "Il a construit sa carrière comme s'il pressentait qu'elle lui serait posthume, qu'elle lui survivrait." À travers cette mort précoce qu'il redoutait le plus, Claude François aura finalement conjuré la crainte qui le hantait en sourdine : la vieillesse et l'oubli.

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